Les oeufs mimosas !

Je marche sur les œufs mimosa, l’onglet de bœuf sauce au vin avec un supplément de 2 euros. Je cours sur la tarte fine aux pommes chantilly, le gigot d’agneau grillé à la braise, l’échalote grise, la salade de betteraves de toutes les couleurs et la mousse au chocolat. Le Chef Cuistot m’a expliqué que pour faire sa mousse au chocolat il commence par faire une meringue.

Moi je ne mets jamais de sucre dans ma mousse au chocolat.

Non moi je mets du beurre !

Mes pas foulent la terre. Ça sent la forêt mouillée. On est dans le bois. Étendue de verdure entre la voie rapide et le centre ville.

Ma chaussure s’enfonce dans la boue, je foule la terre et j’écrase les excès, les abus.

Tous.

Tout ce qu’il a fallu que j’engloutisse pour oublier les fâcheries, les contrariétés, les polémiques, les tristesses, les lassitudes, les discussions sans fin, les tergiversations, les colères enfouies, les injustices flagrantes.

Toutes, d’un seul bloc.

Envolées, effacées, détruites, désintégrées, dézinguées, pulvérisées !

Plus rien ne me touche, je suis libérée de tout. Plus aucun sentiment d’aigreur, de regrets, d’inquiétude, de peine, de susceptibilité.

Je suis entièrement disponible à ce plaisir gourmand, entièrement dévouée et soumise à ce moment de pure délectation, à ce délice sucré ou salé, à la bouchée parfaite qui me procure un plaisir infini et qui me soigne de tout. M’anesthésie.

Je suis guérie. Tout disparaît s’évapore se dilue, se dissout.

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La vengeance est un plat qui se mange froid !

 

Bonjour Cher,

C’est ton anniversaire aujourd’hui. 

Tu vois j’y pense.

Et je suis bien contente de te dire que je ne te le souhaite pas, ni bon, ni joyeux, ni merveilleux, ni mauvais d’ailleurs. En fait ça me fait plaisir de penser que je ne te dis pas que je ne te le souhaite pas. Du tout. C’est lâche un peu. Mais jubilatoire. C’est d’autant plus jouissif que tu ne le sauras jamais !

Non je ne veux pas te le souhaiter du tout. Je trouve que tu n’es pas gentil avec moi ni foncièrement méchant en fait. Plutôt tu fais part d’une exaspération constante quand je m’exprime. Je te sens fébrile. Comme un taureau excité par le drapeau rouge « tu fumes des narines ». Tu me juges je crois ou tu juges ce que je dis. Je ne comprends d’ailleurs pas ce qui t’exaspère à ce point.
Mon étonnement perpétuel ? Ma candeur ? Mon franc-parler ?
Mais qui es-tu pour me critiquer et juger ce que je dois ou non savoir ? Comment je dois me comporter ? Ce que je dois dire ou ne pas dire ? Quel est ton pouvoir, ta puissance, ta supériorité ? Qui es-tu pour t’autoriser à ne serait-ce dire ou penser quoique ce soit à mon propos ? Ne connais-tu pas la tolérance, la générosité ? L’indulgence ? Oui, je fais complètement erreur, là j’en conviens, je dis n’importe quoi. Tu n’es absolument pas pourvu de ces qualités.

Que sais-tu de moi ?

Je crois que finalement je te déteste. Heu non, en fait, même pas. Tu ne mérites pas mon intérêt, ni ma haine, ni ma tendresse. Tu ne mérites pas mon amitié, ma compassion, ni même que je m’intéresse à toi. Donc je ne t’écris pas pour te dire que notre relation s’arrête ici. Elle ne s’arrête pas car elle n’a jamais commencé, tu es digne de rien. Tu n’auras rien de moi, le néant seulement et encore je pense que c’est trop. 

 

Je te purge de mon cerveau.

Je m’en fous de toi.

Tu n’existes pas. D’ailleurs à qui j’écris ?

 

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ça sent le grillé !

Mais si.
Pas exactement l’odeur du barbecue, ni celle de la sardine non plus. Juste le grillé. C’est l’odeur que prend la viande. La marque noire que le grill lui laisse pendant la cuisson. Pas de gras pas de beurre. Une odeur sèche. Tout de suite après, le souvenir du beurre persillé remonte à la surface. Celui que le cuisto du Fort Royal posait sur la viande dans ce fameux restaurant. Une rondelle de beurre mélangé au persil ajouté sur la viande pour la décorer. Mais elle ne fait pas que ça la rondelle, elle fond se répand comme un coulis. Elle ajoute le gras qui permet à la viande d’atteindre l’extase… du goût. La pointe de subtilité qui fera de la bouchée un délice. Celle parfaite dont je me souviens encore des décennies plus tard.
Nous y allions tous les dimanches dans cette hôtel restaurant de Nouméa en Nouvelle Calédonie. Disposé à la fois près de la piscine et au bord de la plage. Un lieu paradisiaque (je l’ai su après). J’étais très jeune, une petite enfant. Je jouais avec une copine, fille de collègues de mes parents. Expatriés comme nous à quelque 17000 mille kilomètres de la France, conditions obligatoires de promotion de la fonction publique. Tellement chanceux de pouvoir profiter de ces contrées tropicales où les conditions financières des fonctionnaires nous permettaient un certain luxe impossible en métropole.
L’hôtel était notre terrain de jeu. Nous cherchions quelque mystère imaginaire et bien sur non élucidé ou un trésor que personne n’aurait encore trouvé. Et que nous avec toute notre finesse, notre intelligence et notre perspicacité allions découvrir, bien entendu.
Pour le déjeuner du dimanche, je prenais toujours comme mon père le steak au beurre persillé, avec des frites je crois. Et en dessert le mille-feuilles au dessus glacé pas saupoudré de sucre glace non non recouvert de fondant. C’était un régal ! Comme quoi une odeur me porte loin dans les souvenirs.
Chaque fois que je la sens, je me projette dans ces journées de mon enfance si pleine d’aventure, d’exotisme et d’insouciance.
Et dont l’odeur de grillé résume à lui seul le souvenir !

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