N’y pense même pas !

Cette fois je n’emmène rien à la plage.
Aucune lecture.
D’abord c’est vraiment nul de ne pas profiter du paysage.
De se fondre dans la nature.
Cette mer turquoise. Oui c’est banal et pourtant jamais vue ailleurs cette couleur incroyable, invraisemblable, c’est l’étalon turquoise. L’originel vient d’ici.
J’ai décidé de déguster chaque instant et ne penser à rien d’autre que ce qui m’entoure. Cet océan, ses couleurs, ses nuances qui se modifient selon la clarté du soleil avec ou sans nuage. Ce sable rose et tellement blanc. Une luminosité inédite pour moi. Tout à fait commune en ce lieu de la mer des Caraïbes, dans cette île des Lucayes ; Eleuthera !

Je ne veux penser à rien.

Mais il ne faudrait pas penser à ne penser à rien. Ça devrait venir sans y penser. Là où ça coince c’est quand on pense qu’il ne faut pas oublier de ne penser à rien sans y penser ! Oui parce que penser à rien et bien c’est déjà penser à quelque chose !
Le problème c’est que si on pense qu’il ne faut pas penser et bien … on pense. Ouais c’est pas facile !
Finalement, quand on pense à rien. Et Bin on le sait pas !
Donc il faut ne pas penser à ne pas penser, c’est la seule solution pour penser à rien.

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Le bureau paysager

On a rien à faire.
On est tous parqués dans un même enclos. Attachés à nos bureaux comme des chiens de ferme à leur piquet. Je deviens aussi aimable qu’eux, à force. Supporter ce brouhaha permanent. Ces éclats de voix, parfois des rires. Aucune intimité. Tout le monde entend tout, voit à peu près tout, épie tout. Et en plus, bien qu’ayant chacun notre bureau, la proximité du voisin ou de la voisine est intrusive parfois violente. Les réactions à hautes voix destinées à personne d’autre qu’à soi, mais vu qu’on est en face, l’autre croit qu’on lui parle mais non, en fait.
Et tout d’un coup arrive le filtre de l’extra lucidité qui exacerbe tous les défauts perpétuels de chacun, les tics ou peut être des tocs. Celui ci vient quand il y a très peu d’activité et que rien ne nécessite une concentration qui fait oublier l’entourage. La sonnerie hurlante d’un téléphone (le mien je l’avoue). Le soupir de la voisine, répété. Comme une concrétisation de l’ennui mortel dans lequel nous sommes tous plongés !  L’une qui éternue fort et aiguë et tous ses voisins de répondre niaisement « à tes souhaits » ! Elle fait exprès, c’est son moyen de communication, sa façon d’exister. Elle a remis une attelle pour maintenir son poignet. Chochotte ! Pauvre vieille (elle est plus jeune que moi) et vieille fille ! Argh caricature d’elle même. Comment peut on se recroqueviller à ce point sur soi même. La faute à qui ? Qu’est ce qui a fait défaut ? Alors bonjour la cinglerité (racine du mot : cinglé), elle n’a pas de bureau nominatif, donc la plupart du temps elle arrive en premier pour choisir celui côté fenêtre, sinon elle ne peut pas respirer. Puis elle retourne le clavier de l’ordinateur, « clac clac clac » pour en extraire le méchant poison, microbe…poussière. Pathétique je vous dis !
Le parfum de la voisine. Le bruit de l’eau qui boue. Lui qui racle toujours son nez. Oui c’est la morve qu’il avale. L’autre a des problèmes avec son linge mal séché, il répand une odeur spécifique et reconnaissable, surtout nauséabonde. Et au loin l’énergumène qui baragouine fort l’anglais puis l’espagnol et aussi les 2 à la fois avec l’accent d’Aix en Provence.
 » si senior. Muchas gracias »
Yes thank you
Shoukrane beaucoup »
Il y a celle qui a toujours froid. Et la tan tan tan…. c’est la guerre des clims. Elle a fini de demander de la baisser parce que « je caille » pour se faire « entendre non, il y a pas d’air autrement ». Elle le fait elle même discrètement, enfin si possible mais dans ce type de bureau, rien ne l’est.
Maison de fous quand on y pense.
Finalement il faut rester dans son enclos et se fermer à l’entourage, pour se retrouver, se concentrer sur soi. Mais c’est difficile au milieu de tous ces humains qui essaient de vivre un peu. Casque antibruit ou casque pour écouter de la musique, un film, un feuilleton, les nouvelles, les infos.
Comme des vaches, insensibles à ce qui les entourent. Ignorantes et sans cervelle !

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Le palmier ondule à l’antillaise.

Un air chaud souffle sur mon ventre et fait voler mes cheveux mouillés qui commencent à sécher et me chatouillent. Le soleil est sur mon pied, je sens sa chaleur. Le palmier ondule, son tronc, ses feuilles. Tranquillement à l’antillaise. Avez-vous déjà remarqué ça ? Lui, il est toujours en vacances, il bouge au rythme du vent, mais au ralenti. Que je l’aime ! Que je l’adore ! C’est un cocotier en fait. Quel désir, il a suscité pour moi, depuis que je suis petite, synonyme de vacances, de mer, de chaleur et surtout d’exotisme, de souvenirs d’enfance aussi. Sait-il quel symbole il est pour nous les autochtones urbains ? Pour moi c’est un Dieu. Si je pouvais je l’embrasserais, c’est très tendance faire des câlins aux arbres ces derniers temps.
Mais là, non, je suis occupée.
À rien faire.
Les oiseaux cuicuitent. Au loin des rires d’enfants dans la piscine. Et là les pigeons roucoulent, oui ça c’est pas exotique ici ou ailleurs ils roucoulent toujours pareil et partout dans le monde de la même façon. Les vagues s’écrasent sans se presser sur la plage. Les fourmis me taquinent. Et lentement je ferme les yeux et me laisse bercer par tout ce qui m’entoure. Je pourrais lire mon bouquin, mais non. Je chille comme disent les anglais, je me légume sur mon transat comme dit Julia Roberts. Est-ce que je vais arriver à digérer toutes ces boules de glace englouties. Passion, ananas, rhum raisin, cacahuètes, café, chocolat, coco. Il y avait de la menthe comme indiquait le petit écriteau « mais, non c’est du citron » m’a précisé le glacier avec un zeste sur la langue. Très drôle ! Elles fondaient à l’air tropical. Quel bonheur gustatif. Je me languis, allongée peinarde à étudier, analyser, décortiquer chaque mouvement de la nature pour m’en souvenir après, quand le boulot aura repris.
Des accras sauce chien, du vivaneau au citron vert, une purée d’ignames, des patates douces, ananas frais du pays, vin rouge dans un seau à glace, bière pression, à volonté bien entendu. C’est l’heure de la digestion.
Un bruit de bateau qui s’éloigne et de temps en temps une fleur violette se détache de l’arbre et se pose sur mon épaule ou ma joue. Une petite voiture électrique passe sur le chemin. Mon maillot de bain est toujours mouillé. Je sens sous mes fesses le paréo gorgé de l’eau des Caraïbes qui s’évapore au fur et à mesure.
Le paradis n’est pas très loin.

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