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Ladurée déclinaison

Ladurée se décline avec gourmandise

Les parfums d'ambiance, dans la boutique de la rue Bonaparte, à Paris. Marc Bertrand / Challenges

Ladurée se décline avec gourmandise
Quand on arrive dans les bureaux de Ladurée, situés dans un hôtel particulier du VIIe arrondissement de Paris, on craint s’être trompé d’adresse. L’endroit est vaste et lumineux, la décoration contemporaine, à mille lieues du style Napoléon III des salons de thé de l’enseigne. « Ici, notre mission consiste à imaginer de nouveaux produits, de nouveaux magasins. Nous créons dans l’ambiance d’une maison de mode », explique David Holder, 45 ans, le président de l’entreprise. Étrangement, pas de pâtissiers en vue. Le laboratoire de conception est à l’étage du dessous.
Quant à l’élaboration des fameux macarons, elle s’effectue dans les pâtisseries industrielles de la marque, à Morangis, près de Paris, et à Gruyère, en Suisse, pour livrer les 37 implantations. « Depuis le premier magasin londonien en 2005, nous sommes allés très vite, raconte David Holder. Nous avons trois modèles de développement: nous sommes propriétaires des magasins en France, en Grande-Bretagne et à Monaco ; nous avons des associés au Japon, en Chine, à Singapour et à Hong-kong ; ailleurs, nous sélectionnons des franchisés. »
Ouvertures de magasins
Ladurée compte aujourd’hui quatre magasins à Londres, sept en Suisse, trois en Italie, six au Japon, bientôt deux à New York. La marque est présente au Brésil, en Corée, en Australie, au Liban, au Koweït… Une quinzaine d’ouvertures sont prévues en 2013. Les chiffres donnent le tournis: l’enseigne réalisait 3 millions d’euros de ventes en 1993, elle a atteint les 140 millions en 2012 et table sur 300 millions en 2017. Fidèle à la tradition de ce groupe familial fondé par Francis Holder, qui possède également les boulangeries Paul, son fils ne dit pas un mot de la rentabilité de son affaire.
La marque Ladurée est devenue tellement connue qu’elle permet de vendre toutes sortes de produits, tous conçus ou supervisés depuis le VIIe arrondissement. « Nous sommes intransigeants sur la qualité et la cohérence, mais nous n’avons aucun carcan », indique Safia Thomass Bendali, en charge de ces nouveaux business qui paraissent très lucratifs. Ainsi sont nées des bougies parfumées en 2000, vendues au prix astronomique de 42 euros l’unité, dans leurs très beaux pots en porcelaine – le couvercle est vendu séparément, 29 euros. Ensuite sont apparus des parfums d’ambiance dans des vaporisateurs à poire (45 euros les 10 centilitres). Puis toutes sortes d’objets (porte-clés, foulards, sacs en toile, carnets, papiers à lettres) qui confortent la notoriété de la marque et génèrent des revenus.
Sollicité par le groupe Albion, spécialiste japonais des cosmétiques, Ladurée a lancé plus récemment une gamme de maquillage, sous la marque Les Merveilleuses, vendue au Japon depuis six mois et bientôt disponible en Europe. De la même façon, le pâtissier autorise les magasins Uniqlo à vendre des tee-shirts à son nom. « C’est une opération humanitaire, une partie des bénéfices revient à une ONG », précise Safia Thomass Bendali, qui refuse d’aller plus loin dans le textile. « Je crains qu’ils n’en fassent un peu trop, critique un concurrent. Ils risquent de banaliser leur marque. »
Marketing du luxe royal
Si Ladurée se vend aussi bien, c’est d’abord grâce à ses macarons. Grâce à la congélation qui n’altère pas leur goût, ils sont d’une qualité optimale dans toutes les boutiques. Le secret de la marque réside aussi dans son univers, la décoration des points de vente et l’emballage des produits. Une ambiance très Versailles dont les clients raffolent et qui lui permet de s’inscrire dans l’univers du luxe. « Nous puisons nos influences dans l’histoire de France, depuis la Pompadour jusqu’à Madeleine Castaing, cette géniale décoratrice du XXe siècle dont nous avons racheté l’appartement parisien, rue Bonaparte, pour y héberger notre salon de thé. » Pas étonnant que la cinéaste Sofia Coppola ait contacté la marque en 2006 pour qu’elle fournisse des macarons à son héroïne Marie-Antoinette. Bel anachronisme, puisque ce petit gâteau à base de poudre d’amandes n’a été inventé qu’en 1862! Qu’importe. Ladurée a même ouvert une boutique dans le château de Versailles.
C’est le décorateur Jacques Garcia qui a apporté son style à Ladurée en concevant la boutique des Champs-Elysées en 1997. Cet amoureux des châteaux, des pampilles et des velours a alors su transformer les anciens bureaux de Japan Airlines en un salon de thé qui paraissait être là depuis deux siècles. Plus qu’un énorme succès commercial, c’est devenu le navire amiral qui a permis à la marque de conquérir les étrangers. « C’est aujourd’hui le concept français qui marche le mieux dans le monde, analyse le consultant Bernard Boutboul. Ce sont les champions du marketing. »
Le filon paraît inépuisable. Ladurée, qui vend du thé, du champagne et de la confiture sous sa marque, a décidé de s’inviter dans le monde du chocolat de luxe. L’enseigne Les Marquis de Ladurée a été créée il y a quelques semaines avec une première boutique dans le triangle d’or parisien, rue de Castiglione. Gros succès. Sept autres vont ouvrir en 2013. Et tous les pays où Ladurée vend déjà des macarons vont lancer les chocolats. Bizarrement, ces produits ne permettent pas à l’entreprise d’être moins dépendante de ses macarons, qui représentent plus de la moitié de ses ventes. « Plus l’on parle de Ladurée, plus nous vendons de macarons, sourit David Holder. C’est ainsi. »

Par Jean-François Arnaud (Challenges)

 

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La religieuse de Pâques

Reflets de soleil dans le Dôme des Invalides. Ciel bleu clair. Lundi de Pâques s’annonce beau. Ce n’est pas un chemin de Croix, mais tout de même une petite trotte pour se rendre 6 rue de Bourgogne, chez Rollet Pradier, « 150 ans de plaisir gourmand ». Ah bon ! 150 ans ! Je ne savais pas. J’y vais parce que leur religieuse a obtenu la meilleure des notes de toutes les religieuses de Paris par le Figarosocope. Le parcours me laisse le temps de penser à cette expérience culinaire que nous allons mener en famille. C’est amusant de se projeter critique gastronomique.
Juste derrière l’arrière de l’Assemblée nationale, le soleil me fait encore un clin d’œil. Pour un peu, je suis presque prête à croire que Jésus me fait signe…
Il est à peine 10h00, la rue est déserte comme la pâtisserie traiteur boulangerie.

« Bonjour, j’ai commandé 4 religieuses au chocolat.
Oui, tout à fait ! Je vais les chercher, elles sont déjà dans leur boîte ».

Et me voilà déjà, sur le chemin du retour, incroyable bon augure, la voiture embaume le chocolat. Ça y est enfin le dessert, la dégustation. Pour ouvrir la boîte, il faut décoller le scotch, quel suspense ! Les voilà ! Seigneur ! Elles sont magnifiques, jolies, brillantes, pimpantes. Et on joue, un gourmand vaut un gourmand, critique professionnel ou pas :

« Ouai, rien de spécial !
Tout ce chemin pour ça ?
C’est rigolo, le carré de chocolat entre la tête et le corps
Le chocolat dessus, un vrai plaisir ! »

Le chou est bon, la crème mousseuse peu sucrée contraste avec le chocolat du glaçage très fort et savoureux. Pour moi, c’est un régal, un délice !

« De toute façon, je n’aime pas le chocolat. »

Même quand on joue, parfois ça n’est pas drôle !

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Les meilleures religieuses au chocolat de Paris

Un nuage chocolaté en guise de fumée blanche: notre concile a élu dès le premier tour la divine religieuse du pâtissier Rollet Pradier. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

Notre bien-aimée religieuse ne date pas du siècle des Lumières. Ses origines remonteraient aux années 1850, elle aurait été créée chez Frascati, pâtisser parisien en vogue près des Grands Boulevards. À l’époque, la recette était sensiblement identique à celle d’aujourd’hui (pâte à chou fourrée de crème pâtissière et surmontée de crème fouettée), mais la forme, carrée, très différente. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle qu’elle adopta son allure actuelle, petit chou posé sur gros chou, le tout glacé et festonné de crème au beurre. Peut-être est-ce la silhouette rebondie de la pâtisserie qui lui valut son nom ou encore sa couleur brune qui l’apparentait à la robe des nonnes. Un léger flou historique qui n’est pas pour nous déplaire.

Aujourd’hui, il faut bien le confesser, la religieuse au chocolat est une douceur menacée. Beaucoup moins présente que l’éclair, qui, lui, trône en bonne place dans presque toutes les pâtisseries. Sans doute parce qu’elle est «plus technique, plus difficile à réaliser, aussi», souligne notre expert, Christophe Felder. Un peu comme le chausson aux pommes, le fort en thème des viennoiseries, dont le feuilletage, la compote de fruits frais peuvent toucher au sublime lorsqu’ils sont réussis et s’avérer si déprimants, bâclés. Lors de ce test, nous avons ainsi constaté qu’elles avaient déserté des enseignes prestigieuses comme FauchonCarette, la Maison du Chocolat… En revanche, d’autres pâtissiers (voir ci-dessous) ont revisité la recette de base en lui donnant de nouvelles couleurs, de nouvelles saveurs. Preuve que la messe n’est jamais dite et qu’une religieuse peut en cacher une autre, sous des atours plus actuels.

Fervents adeptes d’un classicisme chocolaté tel qu’il peut être revendiqué par les belles maisons, nous avons néanmoins été un peu déçus par le niveau général de la prestation. Choux parfois racornis, crèmes pâtissières industrielles, les religieuses de notre échantillon n’étaient pas toutes au top fraîcheur, même si un petit séjour réfrigéré leur avait laissé la tête froide. ­Heureusement, nous en avons aussi dégusté d’excellentes, comme le montre notre classement. Et assez, forcément, pour être aux anges.


Méthodologie

Test. Nous l’avons dit en préambule, les religieuses au chocolat sont moins en vogue depuis quelques années. Même si elles font partie des desserts préférés des Français, elles se sont fait doublées par les éclairs et, récemment, par les saint-honoré. Pour réaliser ce test, nous avons fait le tour des grandes institutions parisiennes et sélectionné une quinzaine d’adresses.

Méthode. Comme toujours, les journalistes de la rubrique ont acheté les gâteaux, le matin même de la dégustation. Ces derniers ont ensuite été numérotés et dégustés à l’aveugle, sous le contrôle de notre expert, le chef pâtissier Christophe Felder. La dégustation a duré 55 minutes.

Critères retenus. Quatre, notés chacun sur 5 points pour une note finale sur 20. Tout d’abord l’aspect, sachant qu’il n’existe aucune réglementation concernant la taille du gâteau ou sa recette. Les pâtissiers jouent donc leur partition perso. Nous avons ensuite noté la pâte à chou (fraîcheur, moelleux, saveur), puis la garniture (goût plus ou moins chocolaté, texture, dosage en sucre…) et enfin le rapport qualité-prix, les écarts d’une enseigne à l’autre allant parfois du simple au double.

Résultats. Avouons un palmarès «petit bras» qui n’a pas permis de faire ressortir, comme c’est parfois le cas, de véritables coups de cœur. Hormis les cinq premiers avec mention spéciale pour la maison Rollet Pradier, qui s’en sort très bien, les autres pâtisseries font des scores honorables sans plus, certaines enseignes prestigieuses se révélant même décevantes.

La religieuse gagnante: celle de Rollet Pradier

Outre les spécialités qui ont fait sa réputation (bombe aux marrons, Fanny, macaron…) cette maison fondée en 1859 chouchoute sa religieuse au chocolat. Elle est fabriquée quotidiennement (une trentaine chaque jour) à partir de Valrhona 80 % de cacao. Petit secret de fabrication, l’introduction de crème montée dans la pâtissière pour la rendre encore plus aérienne. Et, pour l’esthétique, une fine plaque de chocolat glissée entre les deux choux.

Rollet Pradier, 6, rue de Bourgogne, VIIe. Tél.: 01 45 51 78 36. Tlj sf sam.


La religieuse se lâche

Pâtisserie emblématique de notre très chère France, cette petite dame de «chou» à fait son bout de chemin dans les vitrines sucrées de la capitale. Dans sa robe glacée, elle se décline le plus souvent au chocolat ou au café mais, aujourd’hui, un goût de renouveau vient habiller nos petites bigotes. À la rose chez Ladurée, au caramel chez Blé Sucré, chocolat-vanille chez Sébastien Gaudard, elle est même proposée à la fraise Tagada chez Gwen Choc. Les Marquis de Ladurée jouent aussi la fantaisie en cachant au cœur du chou-chocolat une confiture de cassis exquise. À noter enfin que, parmi les classiques, certaines se laissent désirer, ne pointant le bout de leur «nez-chantilly» que le week-end pour les déjeuners de famille après la messe (Sucrécacao et Jean Millet).

Le pâtissier Christophe Felder.
Le pâtissier Christophe Felder.Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

 3 questions à Christophe Felder

Qu’est-ce qu’une bonne religieuse au chocolat?

Tout d’abord, elle doit être jolie à regarder, bien glacée, l’aspect est important. Il faut que le chou soit le plus frais possible, cuit du matin, dans un four assez chaud pour qu’il reste à la fois moelleux à l’intérieur et un peu croustillant en surface. Pour la crème, la qualité des ingrédients est primordiale: lait entier, œufs frais, vanille. Ce n’est pas nécessaire d’utiliser un chocolat à 70 % de cacao, mais le produit doit être bon et surtout pas acide. La crème est meilleure lorsqu’elle a une consistance assez molle, mais pas trop non plus, tout est question d’équilibre.

Finalement il n’y a pas de recette codifiée?

Pas vraiment. On l’a vu dans ce test, la crème pâtissière des boulangers est un peu plus simple que celle des pâtissiers qui mettent plus de jaune d’œuf. Leur pâte à chou est souvent plus fraîche aussi parce qu’ils la préparent le matin, contrairement aux pâtissiers qui préfèrent la faire la veille pour plus de régularité. Dans les recettes anciennes, comme chez Thuriès, il n’y avait pas de vanille à l’origine et la collerette de petites rosaces blanches entre les deux choux était plus petite aussi.

Les prix ont toujours été libres?

Oui et l’on a vu des différences très importantes entre les gâteaux. Pourtant, plus c’est cher et plus cela devrait être irréprochable…

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